On a tous connu des team buildings un peu gênants. Les jeux un peu trop “youhou” voire carrément enfantins, les animations où l’animateur débite son texte comme un serveur vocal, sans tenir compte de qui il a en face de lui, les exercices déstabilisants où l’on vous demande soudain de monter-sur-scène-pour-faire-ci-ou-ça-et-allez-hop-tout-le-monde-applaudit-Jean-Michel (alors que vous vouliez juste boire un café tranquille) ou encore les activités où l’on vous force à courir alors que vous souffrez de la hanche depuis des semaines…
Bref, ces moments où l’on sent que la moitié de l’équipe décroche, que l’autre moitié sourit par politesse, et que tout le monde prie pour que ça ne dure pas trop longtemps et qu’il n’y ait pas trop de photos compromettantes qui circulent.
Ce n’est pas que les gens n’aiment pas s’amuser. C’est juste que beaucoup de team buildings ne sont pas du tout adaptés : ni aux profils, ni à la culture, ni aux limites, ni aux envies des participants. Résultat : un team building qui devait “créer du lien” se transforme en moment gênant, voire en mini-échappatoire mentale.
Dans cet article, on va parler honnêtement de ce qui rend un team building ringard, malaisant, ou à côté de la plaque, puis surtout, de comment éviter ça, pour choisir une solution qui respecte les gens, met tout le monde à l’aise, et crée un souvenir collectif positif (sans forcing social).
1) Les 5 signes d’un team building malaisant
Il y a des team buildings où tout roule… et puis ceux où l’on voit très vite que quelque chose cloche.
Pas besoin d’être psychologue du travail : les visages parlent d’eux-mêmes. Voici les signaux les plus fréquents, et que vous avez peut-être déjà vécus :)
Quand seules 3 personnes participent vraiment
Dans toutes les boites, il y a un Jean-Franck. Le gars est à fond, motivé, prêt à crier, sauter, danser, ramper, ou construire une pyramide humaine s’il le faut. Mais derrière Jean-Franck nous avons aussi :
Jean-Michel qui regarde ses chaussures comme si elles contenaient la solution,
Jeanne-Brigitte qui sourit par politesse mais ne participe pas vraiment,
Jean-Bruce qui a déjà calculé combien de temps il reste avant la pause.
→ Quand un team building ne parle qu’aux extravertis, la moitié du groupe (et je suis optimiste) devient spectatrice, et l’autre moitié fait semblant d’être enthousiaste devant le ou la manager. Bof bof bof.
Quand l’animateur semble réciter son job
Vous voyez le style : un mélange de phrases toutes faites, d’énergie “standard”, et d’un débit qui ne tient aucun compte des gens en face. L’animateur fait du copié collé de son événement de la veille, c’est à peine s’il a fait un effort de retenir les prénoms. Les mêmes questions aux quizz, les mêmes répliques voire la même activité jusque dans les détails. Évidemment, les blagounettes font souvent plouf.
Le groupe le sent immédiatement : ce moment n’a pas été pensé pour eux, ils sont juste la séance de 10h après un groupe de 40 commerciaux et avant l'équipe d'une startup.
→ Et c’est là que le malaise s’installe : quand l’activité devient générique alors que les gens, eux, ne le sont pas. Plouf plouf.
Quand l’activité est trop “youhou”, trop sportive ou trop intrusive
Le genre de trucs où l’on demande soudain à :
Jean-Michel de faire son cri de guerre,
Jeanne-Cathy de danser 20 secondes devant l’équipe,
Jean-Marc de faire un câlin collectif,
Jeanne-Louise de piquer un sprint alors qu’elle a une sciatique depuis mars.
Ce sont des moments où l’équipe bascule dans le faux enthousiasme obligatoire, où tout le monde sent que ce n’est ni naturel, ni adapté, ni nécessaire, et que c’est même gonflant.
→ Un bon team building doit mettre en mouvement, pas mettre en difficulté. Il y a une énorme différence entre “motiver à” et “forcer à”. Les gens ont le droit de ne pas aimer une activité, il faut le respecter.
Quand personne ne comprend à quoi sert l’activité
Ça arrive plus souvent qu’on ne croit. On construit des tours en spaghetti, on imite des animaux, on crie des mots bizarres… le tout avec un lien pseudo inspirant et fumeux avec l’entreprise du genre “Votre tour doit représenter notre énergie collective au service de la performance client “. Assez rapidement, on observe :
Jean-Michel lever un sourcil invisible,
Jeanne-Brigitte jeter un œil vers la sortie,
Jean-Serge (qui n’avait rien demandé) tenter de comprendre la symbolique pédagogique cachée qui, en réalité, n’existe pas franchement.
→ Si une activité n’a pas de sens clair pour les participants, elle perd son intérêt — et gagne, en échange, une petite dose de gêne. Et malheureusement, le sens ne se décrète pas.
Quand tout le monde fait “semblant”
Le sourire crispé de Jeanne-Brigitte, le rire trop fort de Jean-Franck, le regard caméra de Jean-Michel (“Sortez-moi de là.”)… C’est un phénomène bien connu : le rire social, celui qui dit “je joue le jeu parce qu’il faut”, mais pas “je passe vraiment un bon moment”. Quand toute une équipe entre dans ce mécanisme, le team building bascule dans ce qu’on essayait justement d’éviter : un moment que personne n’a choisi, et que tout le monde subit. Un case cochée, un budget gâché. Au mieux, des anecdotes drôles à raconter en privé plus tard.
En résumé
Un team building malaisant n’est pas forcément catastrophique, mais il est presque toujours mal ajusté : trop générique, trop énergivore, trop intrusif, ou trop déconnecté des gens. À partir du moment où les Jean commencent à décrocher, le lien collectif, lui aussi, décroche - doucement, mais sûrement.




